Lundi 18 mars 2024, de 18h30 à 20h30, Monique Martinet – neurologue psychiatre et pédiatre, directrice générale déléguée de AIR – est intervenue pour la 68ème Commission sur le Statut de la Femme, organisée par l’ONU des Femmes et par l’European Union of Women. Le thème : L’impact de la pauvreté sur la vie des Femmes et des enfants. Ce webinaire était accessible en visioconférence.
Le handicap, définition
Monique a commencé son intervention en citant la définition du handicap inscrite dans la loi 2005-102 : « Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. » La différence avec les précédentes conceptions du handicap réside, d’une part dans la prise en compte des retentissements des problèmes organiques et fonctionnels en termes de participation sociale, et d’autre part sur la place donnée à l’environnement. Actuellement en France, 2,22 millions de personnes bénéficient de l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) – environ 1000€ par mois – et 410 000 enfants bénéficient de l’Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé – environ 150€ par mois.
Handicap et pauvreté en France
Le niveau de pauvreté en France est calculé en pourcentage du niveau de vie médian, après impôts et prestations sociales, pour une personne vivant seule ou collectivement (INSEE). Il s’appuie sur 4 niveaux : le niveau de revenu, le seuil de pauvreté, les critères de privation en termes de conditions de vie, le train de vie minimum. En France, le seuil de pauvreté est de 1010€. Le niveau de pauvreté prend donc en compte les aides sociales et les avantages sociaux et il faut alors considérer le “reste à vivre”. Comment donc mesurer ce “reste à vivre” et le faire évoluer ? La loi n°2023-1196 du 18 décembre 2023 vise l’inclusion des personnes handicapées dans la société, y compris en ESAT et en ateliers protégés, à travers différentes mesures : droit de grève, droit d’adhérer à un syndicat, prise en charge d’une partie des frais de transport, droit plus large d’accès au chômage. Les personnes handicapées peuvent également bénéficier, comme tout citoyen, d’un patrimoine. Comment concilier alors solidarité nationale (aides sociales) et solidarité de proximité (patrimoine) ? La pauvreté est multidimensionnelle, influant directement sur la qualité de vie des personnes, notamment en termes de « conception universelle » pour les personnes en condition de situation de handicap.
Nécessité de changer de paradigme
Le premier pas est de considérer la personne handicapée comme une personne à part entière. L’association Down Up à Arras propose par exemple des appartements à des personnes handicapées, qui vivent, travaillent et sont indépendantes au sein de la cité. L’inclusion et l’autodétermination sont des réflexions émergentes en France qui favorisent la possibilité de choix, renforce le sens de sa vie, favorise l’estime de soi, permet la reconnaissance sociale pour soi et pour le collectif, l’accès aux évolutions technologiques. Un enrichissement non financier, net et mesurable pour tous les citoyens.
Rédaction : Lucille Blondé ; Relecture : Monique Martinet