Etude de cas : Monsieur est angoissé

Le Docteur Monique Martinet, neuropsychiatre – pédiatre et fondatrice de AIR, a rencontré de nombreuses situations dans sa carrière. Nous vous proposons de découvrir des études de cas qui pourront vous aider dans votre pratique.

EXPOSÉ

Monsieur, âgé d’une petite quarantaine d’années, vivant en Maison d’Accueil Spécialisé depuis quelques années en raison d’un handicap sévère, notamment cognitif, d’étiologie génétique probable. Il a également une petite souffrance périnatale.

Ce Monsieur a quelque autonomie, se déplace seul à l’intérieur de l’établissement, s’exprime oralement, bien qu’ayant un retard de langage notable. Il est repéré dans le temps et dans l’espace. Il apprécie la relation duelle avec les professionels.

Depuis quelques mois, Monsieur supporte mal les autres résidents, les percevant facilement intrusifs. Il a des crises d’angoisse et des troubles du comportement tels que se griffer au visage ou encore serrer très fort un autre résident. Son humeur est variable, parfois il pleure. Il a du mal à se fixer à une activité, et la responsabilité d’une tâche est devenue difficile à gérer pour lui ; alors qu’il semble s’ennuyer.

Son traitement comporte deux neuroleptiques (Risperidone et Loxapine prescrit depuis peu), trois anxiolytiques (Bromazépam, Oxazépam et Hydroxyzine dichlorhydrate), et un antiépileptique (Oxcarbazépine). Et un neuroleptique (Cyamémazine) en cas de crise.

Un avis auprès du psychiatre de l’établissement est demandé en raison de la dangerosité potentielle de ce Monsieur.

Quel diagnostic portez-vous ? Que faites-vous ?

DÉCISION PRISE ET RÉSULTATS

Le diagnostic évoqué est celui de l’apparition d’un état dépressif avec une forte composante anxieuse.

L’attitude thérapeutique est dans un premier temps :

  • Introduction d’un antidépresseur (Amitriptyline) à dose efficace
  • Augmentation de la médication anxiolytique en choisissant un neuroleptique à forte composante anxiolytique (Lévomépromazine)
  • Ajout d’un correcteur des effets secondaires des neuroleptiques dans l’éventualité d’une participation de ce mécanisme à symptomatologie
  • Proposition à l’équipe d’insister sur la Qualité de Vie offerte à ce Monsieur, qui semble avoir mis en place des mécanismes de défense par rapport à la vie qui lui est offerte actuellement
  • Et travailler sur son identité, notamment recherche d’un éventuel vécu traumatique antérieur

Monsieur a beaucoup pleuré dans la semaine suivant le changement thérapeutique ; et a commencé à aller mieux. Il a pu être à nouveau au milieu de tous. La peau de son visage ne présente plus de griffures récentes.

Progressivement une diminution thérapeutique des autres médications est réalisée en commençant par la suppression de l’Oxcarbazépine sur quelques semaines. Avec maintien de l’amélioration clinique.

RÉFLEXION

  • Penser à l’existence d’un état dépressif chez la Personne Handicapée, se manifestant souvent sur un mode agressif (comme observé chez les adolescents ou encore les personnes âgées)
  • Ajuster les neuroleptiques selon leur mode d’action. Ici il a été insisté sur la composante anxiolytique du neuroleptique introduit

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