Mise en place de l'autodétermination en ESSMS

L’autodétermination présuppose que chacun ait besoin de se sentir à l’origine de son comportement. L’application de ce concept aux personnes handicapées définit l’autodétermination comme l’un des besoins psychologiques favorisant l’épanouissement de l’individu au même titre que le besoin de compétences et de relations sociales. Les établissements de manière générale imposent un rythme de vie relativement normé et régulé à leurs bénéficiaires, ainsi, le fait même d’y vivre peut limiter quelque peu leur autodétermination puisqu’ils doivent respecter les règles, les normes et le rythme de vie mis en place.

La formation se déroule suivant le contenu ci-dessous avec une pause déjeuner journalière entre 12h30 et 13h30 :

Préalables

Les structures médico-sociales doivent répondre à toutes les exigences législatives françaises régissant les structures médico-sociales, en lien notamment avec la Loi 2002-2 et les recommandations de la HAS/ANESM, les Schémas départementaux et régionaux définissant les besoins des populations environnantes, les missions propres à chaque structure. La notion d’accompagnement des personnes en situation de handicap fait depuis quelques années l’objet d’une vaste réflexion en France, autour des normes et procédures de la Démarche Qualité française et européenne, des notions d’inclusion, d’autodétermination et de parcours de vie - particulièrement en termes d’accompagnement personnalisé « sur-mesure », de coordination des parcours, de logique de Territoire ou encore de Droit commun - pour l’IME : plateforme de services coordonnés. Le Projet Educatif de l’ESMS s’ancre sur les objectifs du Projet d’Etablissement, les agréments spécifiques et les moyens institutionnels, et la démarche d’amélioration continue de la Qualité prenant en compte les conclusions / Plan d’action des Autoévaluations et des Evaluations de la démarche qualité des ESSMS. Les missions et le cadre d’analyses de l’offre doivent faire l’objet d’une référence commune.

Supports théoriques

• ONS 2006 : Convention relative aux Droits des personnes handicapées
• Travaux sur l’Autodétermination de Yves Lachapelle, Docteur en Psychopédagogie Trois-Rivières Université du Québec
• Travaux sur l’Autodétermination de Barbara Fontana-Lana, Pédagogie Spécialisée Université de Fribourg Suisse
• Travaux sur l’Autodétermination d’Eric Willaye, Directeur Fondation Susa Belgique
• Travaux sur la Qualité de Vie : Echelle San Martin Université Salamanque Espagne et Questionnaire du Centre du Flores Saint-Jérôme Québec et- Co-construction
• La Valorisation des Rôles Sociaux Wolf Wolfenberger, Docteur en Philosophie Psychologue Amérique du Nord
• Processus de Production du Handicap Patrick Fougeyrollas, Anthropologie Université Laval Québec
• Travaux sur le Pouvoir d’agir de Yann Le Bossé, Sciences de l’Education Laval Québec
• Guide Atosti (Accompagnement à la Transformation de l’Offre de Services par la Transition Inclusive), Daniel Boisvert, Association Papillons Blancs Roubaix-Tourcoing, Association Marie Moreau Saint-Nazaire, Association GAPAS

CONTENU

1) Travail sur les représentations des professionnels

L’autodétermination est la capacité à prendre des décisions pour soi-même sans influence ou interférence extérieure exagérée. L’autodétermination est donc une forme d’autonomie du choix et demande une certaine mesure de l’intervention dans ce processus. Cette mesure est faite par l’écoute de la personne dans son besoin d’assistance, et nécessite donc un positionnement en « soutien ». Il s’agit de guider les professionnels du quotidien dans cette évolution du regard sur les personnes en situation de handicap :

• passer d’une approche « prise en charge » (décider) à une approche « accompagnement » (soutenir)
• ne pas tout savoir de la personne, et d’autant plus que se développent les prestations en droit commun
• connaître la législation en lien avec le « risque éducatif accompagné »

2) Développer les compétences d’autodétermination des personnes

• Définition du concept d’autodétermination
• Les 4 composantes définissant un comportement autodéterminé : . autonomie . autorégulation . empowerment psychologique . autoréalisation
• Prérequis au développement de comportements autodéterminés :
  . posséder une communication réceptive et expressive, disponible (en tous lieux) et durable (constance des pictogrammes...) . développer ses compétences adaptatives . élargir ses connaissances pour avoir la possibilité de faire des choix . accéder à la notion de qualité de vie : dimensions objectives et subjectives . apprendre et s’exercer à choisir, notamment à partir de l’adolescence
• Impact de l’environnement : . facilitant des attitudes autodéterminées . ou obstacle à l’autodétermination . respect du « Non » des personnes . information des familles Réflexion : qu’est-ce que nous, personnel éducatif, apportons de façon précise au niveau de tous les actes de la vie quotidienne, sur quoi est-il possible de s’appuyer pour faire levier vers l’autodétermination de la personne. Rechercher ce qui existe déjà de positif et mettre en place un plan de développement - travail à faire avec les cadres et les professionnels de terrain ensemble (notamment pour animer le travail intersessions).

3) Organisation de l’ESMS pour permettre aux personnes d’exercer leur autodétermination

Le soutien est l’assistance à la mobilisation des ressources dans l’environnement de la personne pour répondre à ses besoins et ses envies, dans le cadre d’une coopération équitable entre la personne, ses soutiens et les ressources extérieures (à développer).

S’assurer que les personnes acquièrent des compétences vers une vie autonome, soit un comportement autodéterminé :

• L’ESMS développe-t-il chez toutes les personnes accompagnées, et précocement, des moyens de communication universels ?
• Les professionnels respectent-ils la dignité et les droits des personnes, notamment le droit d’aller et venir, d’intimité, lors de troubles du comportement (contention)… ?
• Les Projets Personnalisés d’Accompagnement comprennent-ils des actions continues et cohérentes favorisant le développement de l’autodétermination ?
• Le concept d’autodétermination permettant de faire un diagnostic partagé et de dégager des pistes d’action est-il expliqué et travaillé au niveau de tous les strates de l’ESMS : direction, professionnels… ?
• L’ESMS est-il conscient des contraintes collectives de vie imposées aux personnes, et développe-t-il une organisation les atténuant : organisation centrée sur les personnes ?

Renforcement des compétences :

• Soutien par tous des compétences et habilités des personnes en situation de handicap, afin d’accompagner et renforcer leur pouvoir d’agir
• Compétences d’agilité, d’innovation et de coopération des établissements et services médico-sociaux avec leur environnement
• Compétences d’accueil et d’accompagnement du handicap par le droit commun, avec le soutien et la coopération active du secteur médico-social. Des solutions qui se diversifient et donnent la possibilité d’un réel choix entre des dispositifs d’accompagnement gradué dans le droit commun (services locaux sécures, compétents, disponibles) et/ou des dispositifs spécialisés, avec la possibilité d’une évolution facilitée d’un projet à l’autre, si la personne modifie ses choix.

S’appuyer pour mettre en mouvement les professionnels (= les professionnels s’autodéterminent) sur le Projet d’Etablissement, le Règlement de Fonctionnement, l’affectation des ressources au changement…

Les moyens évaluatifs : échelle du Laridi, Mhavie, échelles et questionnaires de la Qualité de vie...

Guide Atosti :

• autoévaluation de l’ESMS, suivie du choix des points à faire évoluer
• mise en perspective des critères permettant d’étoffer son offre...
• comment faire évoluer le Projet Personnalisé d’Accompagnement de la personne

4) Les critères / indicateurs permettant de dire que l’ESMS a mis en place une politique d’autodétermination

Critères construits avec l’ESMS :

L’expression :

• L’ESMS a réalisé une évaluation des capacités de réception et d’expression de chaque personne accompagnée.

• Il a mis en place des outils pour soutenir la communication (supports graphiques, FALC, outils numériques…) et/ou des espaces de communication spécifiques à chaque personne.

• Prise en compte des besoins et des attentes : Au-delà, du simple recueil des attentes lors d’une réunion, l’ESMS a mis en place des opportunités de mise en situation des personnes et un outillage permettant à la personne de « débriefer » cette mise en situation (auto-régulation). Le savoir expérientiel de la personne est pris en compte et valorisé. Le point central est de savoir si chaque personne bénéficie des moyens de faire des « expériences » ou « expérimentations » individualisées basées sur ses envies. Les accompagnements à celles-ci sont construits sur les principes de l’autodétermination :

• La personne a le sentiment d’avoir réellement choisi son ou ses expérience (s) de vie. Et pas seulement choisi entre deux activités (poney ou piscine) ;

• Un accompagnement a été conduit pour que la personne puisse anticiper ce qui va se dérouler dans cette expérience ;

• Des modalités de débriefings sont mises en place ;

• Une évaluation est conduite tout au long de ces « expériences » de vie pour vérifier si la personne progresse dans les affirmations de choix et dans ses anticipations.

Accompagner les personnes à leur domicile : Même pour les personnes « hébergées »,

• L’ESMS reconnaît-il les espaces de vie privés des personnes ?

• Y a-t-il des accompagnements spécifiques et adaptés dans ces espaces ?

• Utilise-t-on des aides techniques ou technologiques pour favoriser l’autonomie dans ces espaces ?

• Il y a des soutiens identifiés et individualisés pour chaque personne à la vie affective et sexuelle ?

• Des modalités d’accès à des cadres de scolarisation « ordinaires » sont organisés : même très minimes (participation à une activité par exemple, à une sortie d’école…)

• Des modalités de stages (découverte, approfondissement, préparation à l’emploi…) sont organisées et proposées Cela peut aussi concerner des engagements associatifs (note : l’association ne doit pas être vue seulement comme un prestataire d’activités mais aussi comme un espace d’engagement et de responsabilisation)

• Les personnes sont accompagnées pour faire valoir leur droit de vote

Proposition de trame pour un accompagnement à la transformation de l'offre médico-sociale

Version modifiée le 20/02/2024