Les psychotraumatismes – La victime d’attentat et sa famille face au traumatisme : traumatisme individuel, répercussions familiales

Dans un monde où la résistance humaine est souvent mise à l’épreuve, comprendre les impacts des traumatismes tels que les attentats, sur les liens familiaux est essentiel. C’est précisément le défi que s’est lancé Julianne Kuhn, doctorante en psychologie clinique à l’Université Marie et Louis Pasteur, à Besançon (25). À travers son projet de recherche FAVITAacronyme de FAmilles – VIctimes – Traumatismes – Attentats – financé par un contrat doctoral, elle explore la manière dont le traumatisme, provoqué par un attentat, bouleverse les dynamiques familiales. Sous les directions de la Professeure Magalie Bonnet et de la Maître de conférences Alexandra Vidal-Bernard, et en collaboration avec la coopérative AIR, Julianne Kuhn aspire à souligner les spécificités du traumatisme à la suite d’un attentat pour mieux appréhender la prise en charge des victimes et travailler sur l’aspect familial autour du traumatisme. Ce travail promet des avancées significatives, non seulement pour les victimes, mais aussi pour les pouvoirs publics et la société dans son ensemble.

De solides assises scientifiques pour ce travail de recherche : une évidence pour Julianne Kuhn

Julianne Kuhn effectue sa thèse sous la co-direction de Mme Magalie Bonnet, Directrice du département de psychologie, Professeure en psychologie clinique et psychopathologie, psychologue clinicienne et de Mme Alexandra Vidal-Bernard, Psychologue clinicienne, Maîtresse de Conférences en psychologie clinique et psychopathologie. Elle est également réalisée en collaboration avec AIR, coopérative œuvrant dans le domaine de la vulnérabilité (handicap, vieillissement, protection de l’enfance, etc.). La recherche de Julianne Kuhn s’inscrit dans les thématiques de recherche de AIR, notamment sur les psychotraumatismes. Mme Florence Mathieu-Nicot, Maître de Conférence en psychologie de la Santé, Clinique et en Psychopathologie, Psychologue clinicienne, participe à la méthodologie, aux réunions de travail et au cadre conceptuel de la recherche. Mme Aurore Pernin, de par son expérience, apporte le soutien dans la démarche et le lien quant à la recherche de participants par le biais de l’AfVT (Association française des Victimes du Terrorisme).

L’attentat, l’attaque d’un humain par un autre humain

Lorsqu’on lui demande pourquoi, selon elle, le thème de l’attentat et de son impact sur les liens familiaux est si peu abordé dans la littérature jusqu’à présent, Julianne Kuhn répond que les attentats du 13 novembre 2015 ont été un accélérateur : “Il y avait déjà des recherches sur les traumatismes de guerre ou les génocides auparavant. Mais au niveau francophone, ces attentats ont été les premiers dont la violence a été très exposée et médiatisée en direct et qui ne ciblait pas uniquement des groupes spécifiques (journalistes, politiques, etc.). Il n’y avait plus la possibilité de dénier cette violence et je dirais qu’ils ont éveillé les consciences et ouvert la voie à la recherche” évoque Julianne Kuhn. Les premières conclusions des recherches menées sur ces attentats datent en effet de 2019, les recherches ayant débuté dès 20161, notamment concernant la prise en charge de l’immédiat et de l’urgence : le debriefing et le stress post-traumatique. Ce qui était impensable devient alors possible : un humain attaque un autre humain, parce qu’il est humain. L’humain devient alors une cible.

Répercussions familiales, identité et transmission

Plusieurs thèmes avaient déjà été abordés par des chercheurs : “L’attentat, la famille dans le traumatisme lorsque tous les membres vivent le traumatisme ou encore le stress post-traumatique ont fait l’objet de recherches par exemple. Il s’agissait de traumatismes vécus en famille : traumatisme intra-familial, faits de violence, cambriolage, accident, attentat, etc. Mais le thème de l’impact indirect sur la famille dans le cas où un seul membre vit un traumatisme, et comment ce traumatisme se répercute sur les autres membres, n’a pas été très abordé à ce jour. Des recherches existent sur le sujet de la guerre, de la shoah, de la déportation par exemple, mais pas du tout sur le thème des attentats” développe Julianne Kuhn. “Un article très récent commence à questionner cette dimension : Fierdepied, S., Motreff, Y., Pirard, P., & Baubet, T. (2024). Impact des attentats du 13 novembre 2015 sur les enfants des civils exposés et sur les relations parents–enfants2” complète-t-elle. En effet, selon Castro (Castro, 2020), lorsqu’une personne subit un traumatisme, elle subit également un bouleversement de l’être, un changement radical de la personnalité, une “transfiguration de la personnalité”. Le sujet doit alors se reconstruire sur de nouvelles bases identificatoires. Il cherche de nouveaux repères, change de comportements, change d’idéal. Alors, le groupe famille peut-il toujours l’accepter en son sein ? Également, la famille est réceptacle de transmissions, conscientes et inconscientes (Lev–Wiesel, 2007). Les séquelles du traumatisme sont transmises inconsciemment aux sujets qu’elles contagionnent. Ils en héritent sous la forme d’un vide irreprésentable. Catherall (1998) décrit la famille après un traumatisme comme un lieu où « chacun des membres peut être physiquement proche, mais dans lequel l’expressivité émotionnelle est restreinte ou absente. Il y a un manque de connexion authentique ou de véritable proximité au sein de la famille ».

La question du lien et de l’attachement : un sujet qui intéresse et fait sens

Julianne Kuhn s’intéresse très tôt dans son parcours universitaire à la question du lien et à la notion de l’attachement, très connectée dans la littérature à la question du traumatisme dans une approche intégrative. Après avoir effectué ses trois premières années de licence à l’Université Marie et Louis Pasteur à Besançon, dans le cursus Licence de psychologie où elle rencontre Magalie Bonnet, elle se penche sur la question du traumatisme en Master 1. Puis elle sollicite un Master 2 de recherche en psychologie et s’intéresse particulièrement à la question de l’attachement et à l’aspect groupal, sujets de prédilection de Magalie Bonnet : “La perspective de mener une thèse sur ce sujet venait de mon intérêt pour l’aspect groupal, que Mme Bonnet enseignait pendant mon année de Licence 3. Le thème du traumatisme m’intéressait, donc j’ai recherché un stage sur la thématique du psychotraumatisme que j’ai trouvée en Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP)” explique Julianne Kuhn. Elle s’est intéressée à l’impact du traumatisme sur les liens groupaux. Magalie Bonnet s’intéresse en effet depuis de nombreuses années à l’attachement, vraie valeur ajoutée dans la façon dont la vieillesse, la maladie et le traumatisme peuvent attaquer le sujet et les liens : “On peut poser le postulat de base que sans lien, nous n’existons pas, on meurt. Et donc, j’ai un intérêt pour tout ce qui fait entrave aux liens, mais aussi aux répercussions et impacts de ces attaques des liens” analyse Magalie Bonnet. Le thème spécifique de l’attentat est venu par la suite, notamment lors du stage de Julianne Kuhn en CUMP, avec M. Jérémie Rey, psychologue coordinateur de la CUMP du Haut-Rhin (68) : “je me suis intéressée plus spécifiquement aux attentats par le biais des personnes que j’ai rencontrées” précise-t-elle. Intuition confirmée par deux aspects : d’une part le nombre conséquent de personnes qui ont contacté Julianne Kuhn à la suite de la transmission du flyer parmi les membres de l’AfVT (Association française des Victimes du Terrorisme), preuve que l’attentat et l’impact sur les liens familiaux et du groupe sont des sujets qui intéressent et font sens. D’autre part, “la revue de littérature autour de l’attentat comme événement traumatique n’est pas très riche” s’est rendu compte Julianne Kuhn.

La recherche : un enjeu pour l’accompagnement des victimes et de leur famille

Julianne Kuhn formule une problématique de départ qui peut se résumer ainsi : comment l’effraction traumatique modifie la façon d’être du groupe famille ? Plusieurs hypothèses exploratoires en découlent :

  • hypothèse familiale : on suppose que le traumatisme de l’attentat impacte l’ensemble de la famille de la victime, en perturbant l’homéostasie familiale et mettant à mal les liens qui unissent ses membres, qui doivent alors être remaniés, repensés. Nous devrions donc observer : un remaniement des liens familiaux traduit soit par le repli de la famille sur elle-même avec un sentiment de cohésion très fort, soit à l’inverse par une plus grande distanciation entre les membres voire une séparation complète. Cette hypothèse aborde l’impact particulier du traumatisme sur les liens de la victime avec sa descendance et/ou conjoints et la question de la transmission avec ses membres.
  • hypothèse individuelle : on cherche à montrer d’une part la spécificité du traumatisme de l’attentat par rapport à d’autres traumatismes. On s’attend ainsi à voir ressortir des spécificités, des divergences, des symptômes et des réactions qui seraient propres au traumatisme intentionnel, en plus des éléments plus généralisés du traumatisme. On cherche à montrer d’autre part l’enjeu de la qualité d’attachement initial de la victime sur sa capacité à “supporter” le traumatisme, et le remaniement – ou non – de cet attachement suite à l’attentat. On s’attend ici à voir apparaître des différences au niveau des répercussions du traumatisme entre les personnes ayant un attachement initial plutôt sécure ou plutôt insécure. On s’attend à observer un type d’attachement spécifique développé post-traumatisme.

En effet, nous supposons que le traumatisme individuel effracte tout le groupe famille, ce qui se traduirait par : un sentiment d’insécurité (angoisse des autres, du monde extérieur), un repli sur soi et sur la famille (éloignement social, surinvestissement des autres membres de la famille), le développement de mécanismes de défenses (inhibition de la parole autour de l’attentat), la mise à mal des capacités créatives de la famille (impossibilité à imaginer, à penser).” développe Julianne Kuhn.

La doctorante a diffusé un flyer de la recherche auprès de l’AfVT (Association française des Victimes de Terrorisme) afin de rechercher des participants.

Pour participer à la recherche, chaque personne doit : 

  • avoir été victime d’un attentat et avoir été la seule de sa famille
  • être majeure au moment des faits
  • présenter au moins 2 générations pour l’entretien familial ou se présenter seule pour l’entretien familial si la victime témoigne d’une rupture de liens avec sa famille depuis l’attentat (qui doit être identifié comme cause de la rupture)
  • accepter l’entretien familial mais aussi individuel
  • être en capacité de dessiner
  • donner son consentement à la recherche

Julianne Kuhn privilégie une démarche qualitative. “Mon objectif est d’interroger 5 à 10 victimes en rupture de lien et 5 à 10 familles avec un sentiment de cohésion très fort, soit en tout 10 à 20 victimes au total” ajoute Julianne Kuhn.

La recherche s’articule autour d’une méthodologie en trois temps :

  • un temps de rencontre avec la victime et le chercheur pour évoquer l’attentat, le traumatisme
  • un temps de rencontre avec la personne et sa famille, ou la personne seule si celle-ci témoigne d’une rupture de lien ayant pour cause l’attentat. L’attentat n’est pas abordé directement, mais la rencontre se fait autour des tests projectifs familiaux (dessins) :
    • questions sur la construction de la famille (ancêtres, rencontre du couple parental, enfants, etc.) : dessin de l’arbre généalogique (génographie projective, Cuynet, 2015)
    • questions autour de l’habitat : dessin de la maison blessée (Derbal et al., 2025) et dessin de la maison de rêve (spatiographie projective, Cuynet, 2017)
  • un temps de rencontre avec la victime qui reprend le temps en famille et lors duquel le chercheur s’attarde davantage sur la question de l’attachement initial et actuel de la victime.

Pour aller plus loin…

Une thèse financée durant trois années par un contrat doctoral établissement sur le thème des répercussions de l’attentat pour la famille est l’opportunité de souligner les spécificités du traumatisme à la suite d’un attentat pour mieux appréhender l’accompagnement des victimes et des proches impactés, et de travailler sur la répercussion et la transmission familiale autour de ce traumatisme. La thèse est financée par l’école doctorale SEPT (Sociétés, Espace, Pratiques, Temps). Il s’agit d’un contrat doctoral, CDD de droit public allant du 1er octobre 2024 au 30 septembre 2027. Julianne Kuhn et avec elle, ses deux co-directrices de thèse, Magalie Bonnet et Alexandra Vidal-Bernard, cherchent à apporter des éléments concrets pour évaluer les conséquences à court, moyen et long termes. “Dans le cadre de cette recherche, nous pourrons mettre en place des entretiens de groupe éventuellement, pour confirmer notre hypothèse selon laquelle l’attentat a des répercussions sur le lien groupal” ajoute Julianne Kuhn. “À long terme, nous pouvons imaginer être forces de proposition pour les centres de psychotraumatismes (CUMP, etc.), reconnaître davantage le traumatisme au sein de la famille ou encore donner des outils pour gérer la transmission de l’information au sein du groupe” complète-t-elle. “Nous entendrons encore parler de la thèse de Julianne Kuhn à travers des interventions, des publications scientifiques, des communications scientifiques et des colloques par exemple” précise Magalie Bonnet. “Nous pouvons imaginer également des sujets pour les aidants, des formations, des outils pour les personnes qui entourent les victimes” ajoute-t-elle.

Plus largement, ce thème contribue à une meilleure compréhension des victimes, notamment dans le cadre judiciaire. Cette thèse permet de développer une meilleure vue d’ensemble de la personne victime d’un traumatisme et d’élargir la réflexion sur les conséquences des psychotraumatismes.

Depuis de nombreuses années, AIR étudie les psychotraumatismes et a organisé plusieurs colloques et formations sur ce sujet depuis sa création en 1985. Soutenant pleinement la recherche menée par Julianne Kuhn, qui s’inscrit en cohérence avec ses axes de travail, AIR envisage d’organiser prochainement un nouveau colloque dédié à cette thématique dans ses aspects plus spécifiques.


L’origine de la recherche

Julianne Kuhn est une brillante doctorante en psychologie à l’Université de Franche-Comté, Sciences du Langage, de l’Homme et de la Société de Besançon, qui porte le projet FAVITA. FAVITA est l’acronyme de la recherche : FAmilles – VIctimes – Traumatismes – Attentats. Elle travaille sur l’attentat comme événement traumatique, et la question du lien, ici avec la famille.

Après cinq années d’études, elle présente son travail de recherche en Master 2 sur le thème : “Victimes d’attentats : quand le traumatisme effracte la famille”. Le projet de thèse et plus précisément la demande de financement pour le contrat doctoral, a été validé au sein du laboratoire de psychologie (UR3188) de l’Université Marie et Louis Pasteur. Suite aux différentes validations, elle a été convoquée pour présenter le projet devant un jury pluridisciplinaire, membres de l’Ecole doctorale SEPT octroyant le financement, qui regroupe l’ensemble des Sciences Humaines et Sociales. Après une mise au concours de la bourse doctorale, elle est acceptée et obtient un financement de l’Université. Elle se lance alors dans une thèse sur l’impact du traumatisme des victimes d’attentats et leurs familles.

Si la thèse de Julianne Kuhn a été remarquée parmi celles présentées, c’est parce qu’elle présente un intérêt notable pour la recherche et promet des publications et des chapitres d’ouvrages passionnants. En effet, il est à parier que ce travail de recherche aura des répercussions et un impact pour toutes les victimes d’attentats et leurs familles, mais aussi pour les pouvoirs publics et la société de façon large.

AIR – Action Information Recherche :

Fondée en 1985, l’Association AIR (Action Information Recherche), devenue une SCIC en 2021, a été impulsée par le Docteur Monique Martinet, Neurologue Psychiatre Pédiatre, Expert Formateur Européen ayant une expertise notable dans le champ du handicap depuis une quarantaine d’années. AIR s’est fixée comme éthique une obligation de moyens au service des familles par le biais de techniques et d’outils novateurs, en liaison étroite avec la recherche médicale, les professionnels de terrain et les Universités.

AIR se décline en quatre pôles : Clinique (consultations, audits, expertises, conseils), Formations (handicap, vieillissement), Informatique (au travers du logiciel AIRMES), Recherche (conduites de projets de recherche scientifique, valorisations et colloques).

AIR, au travers de ses différents services soutient et porte :

  1. Des valeurs de soin et d’accompagnement
  2. La recherche de compétences
  3. La transmission, la disponibilité et le partage
  4. La stimulation scientifique

  1. Thèse de Pirard (Pirard, P. (2022). Recours aux soins de santé mentale pour les personnes civiles exposées aux attentats du 13 novembre 2015. Description des parcours de soins et analyse de leurs déterminants [Thèse de doctorat – Santé publique et épidémiologie]. Université Paris-Saclay.)

    Pirard, P., Motreff, Y., Lavalette, C., Vandentorren, S., Baubet, T., Messiah, A., & Groupe Treize-Novembre. (2019). Enquête de santé publique post-attentats du 13  novembre 2015 (ESPA 13-Novembre) : Trouble de santé  post-traumatique, impact psychologique et soins,  premiers résultats concernant les civils. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, 38‑39, 747‑755.

    Fierdepied, S., Pirard, P., Motreff, Y., & Baubet, T. (2024). Étude longitudinale des changements éprouvés par les civils exposés aux attentats de novembre 2015 à Paris. Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique. https://doi.org/10.1016/j.amp.2024.03.011

    Stene LE, « La recherche face au terrorisme : impact sanitaire et social des attentats à Paris en 2015. Connaissances acquises et perspectives », Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, n°38-39, 2018 (Editorial)

    Vandentorren S., Pirard P., Sanna A., Aubert L., Motreff Y., Vuillermoz C., Lesieur S., Chauvin P., Dantchev N., Baubet T.,  « Etude IMPACTS : Investigations des manifestations traumatiques post-attentats et de la prise en charge thérapeutique et de soutien des personnes impliquées dans les attentats de janvier 2015 en Ile-de-France », Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, n°38-39, 2018,  pp.738 – 748

    Eustache, F., & Peschanski, D. (2021). Le Programme 13-Novembre : Le cheminement d’une recherche transdisciplinaire. médecine/sciences, 37(11), Art. 11. https://doi.org/10.1051/medsci/2021180 ↩︎
  2. Fierdepied, S., Motreff, Y., Pirard, P., & Baubet, T. (2024). Impact des attentats du 13 novembre 2015 sur les enfants des civils exposés et sur les relations parents–enfants. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 72(7), 334‑340. https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2024.06.002 ↩︎


Rédaction : Lucille Blondé ; Relectures : Magalie Bonnet, Julianne Kuhn, Monique Martinet, Aurore Pernin, Florence Mathieu-Nicot

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